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Mes jours étranges

29 avril 2015

Les jours qui passent

 

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Il faut que je quitte le passé. Je me suis à nouveau replongée dans les dizaines de journaux intimes que j'ai gardés, de mon enfance et mon adolescence. C'est fou, toute cette souffrance qui m'a sauté à la gorge. Je me suis sentie triste, d'avoir (un peu) (beaucoup ) (à la folie ) toujours été ainsi. Je crois qu'il faut que j'accepte ce mal-être. Peut-être qu'on peut trouver un arrangement, à deux. Vivre ensemble.

Je me doute bien qu'après 29 ans, je ne vais pas devenir légère et optimiste, souriant à la vie et épanouie. Il faut que je trouve autre chose. Que j'accepte la noirceur.

Le souci des émotions trop fortes continue. Quand ça déborde, je ne sais plus gérer et fait n'importe quoi. Leur dit souci de personnalité labile, pour ne pas dire "borderline", parait que c'est trop marketing comme terme. Alors personnalité labile. Et personnalité émotionellement instable, il m'avait refroidie, celui-là, quand mon thérapeute l'avait déclaré. C'est ainsi. Il faudrait quelque chose pour bloquer les émotions. Ou les modérer. Pour éviter que je ne plonge dans l'alcool, les médocs, la boulimie, la destruction.

Je sens que ça va a peu près, outre une certaine mélancolie. Mes amies proches, rien qu'à moi, s'éparpillent. Ce sont d'elles que j'ai besoin, ce sont elles qui se distillent. Je m'habituerai davantage à la solitude. Je ne pense pas me refaire des amitiés de sitôt. Il est trop tard. Et je suis trop compliquée.

Ah, qu'une vie sans thérapies, sans traitement médicammenteux à vie, sans noirceur, doit être agréable. L'insouciance.

Oui.

L'insouciance.

 

 

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28 avril 2015

Solitude(s)

 

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Le temps passe et ne subsiste que la solitude.

Les amitiés se volatilisent.

Le coeur se creuse.

Je me déconnecte et ne ressens plus rien. C'est mieux comme ça.

La solitude est devenue trop familière. C'est mieux comme ça.

Je suis à côté, dans une bulle.

Je n'en sortirai pas.

C'est mieux comme ça.

 

 

8 avril 2015

Mes épuisements

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J'ai râté mon groupe hier, à cause du train trop en retard. A croire qu'il y a un destin quelque part, qui refuse que j'essaie de m'en sortir. Le RDV psy s'est a peu près bien passé, je n'ai pas pu parler comme je le voulais de mes idées noires, je n'ai pas pu car les questions s'en éloignaient. Je dois noter ce qui se passe pendant mes crises d'impulsion. Mon psy cherche à comprendre ce besoin de se faire du mal. Je pense qu'il ne faut pas chercher. Je pense que c'est un réflexe que l'on apprend. La seule façon que l'on a de s'exprimer, années après années.

Je regarde mes jolies robes et réalise que je ne fais plus d'efforts. Je pense à ce matin, comme tous les autres matins, au réveil, les soupirs, l'envie de pleurer de devoir affronter une journée de plus. Se forcer. Un minimum. Ménage. Douche. Sans cesse l'envie de boire. Mais je ne veux d'une addiction de plus. Je me retiens, et puis j'ai été tellement malade avant hier, quand j'ai vu du vin à une vitesse folle et trop. J'étais mal après, mais en même temps, cela m'apaisait. Bien fait. Tu n'as que ce que tu mérites ! Ca aussi, il cherche à le comprendre, mon psy. Je pense encore qu'il ne faut pas chercher en vain des réponses aux comportements des autodestructeurs.

J'ai arrêté mon blog officiel. Je n'ai pas envie que l'on m'en veuille, que l'on me dise quoi que ce soit sur mes agissements. Je suis juste fatiguée, j'ai besoin d'un lieu où je peux cracher toute cette bile, ces idées noires, cette violence. J'attends minuit, comme chaque journée, j'attends le moment où je vais laisser mon corps sombrer jusqu'au matin. Je ne supporte plus de devoir me lever. Dimanche, j'ai serré très fort un foulard autour de mon cou. Et ça m'a calmée, quand mes tempes me faisaient mal, de sentir le sang battre juste dessous.

Je crois qu'il ne faut pas chercher. Y'a pas de clef, de trésor, y'a rien. Peut-être qu'on y peut juste rien. Certains sont ainsi.

 

 

2 avril 2015

Imbécile

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Je regarde la vie, je me demande comment font les autres, je me demande s'ils se posent autant de questions, s'ils savent pourquoi, eux. Ou s'il n'y a que moi à ne voir que du fade, du terne, du morne, à ne voir la vie qu'en noir et gris. A observer la vie sans participer, à observer la vie en haussant les épaules.

L'avenir, ou disons la suite, n'est qu'un vaste point d'interrogation, un trou noir sans projet ni but. Pas de moteur pour avancer, et à nouveau les questions, qu'est-ce qui pousse les autres à vivre ? Se demandent-ils pourquoi ? Ont-ils cette noirceur sale dans les veines, cachée quelque part, ou n'est-ce que le lot des fous ?

Les idées noires sans cesse là sous le front, qui tournoient et murmurent que ça serait tellement plus simple de tout laisser tomber plutôt que de se battre, croire naïvement que les thérapies changeront quelque chose à toute cette mascarade. Je ne veux plus me coucher le soir ni me lever le matin. Je rêvasse d'une vie où l'on pourrait nous plonger dans le coma sur demande. Ca serait un bon compromis.

Combien d'années désormais ? Combien d'années à avaler des régulateurs d'humeur, neuroleptiques, anxiolityques, antidépresseurs, combien d'année que le désespoir est officialisé ? Onze. C'est long, onze ans. Combien encore à venir ? D'années similaires, pour dans dix ans, me poser encore et toujours les même questions, quelques rides en plus, quelques années de sursis.

Si seulement il n'y avait personne autour. Personne qui ne serait affecté si je décidais de me barrer. Parfois je repense aux tentatives de suicide. Et je me dis, si ça avait fonctionné, je n'en serais pas encore au même stade. Là, à me demander pourquoi, pourquoi se forcer, pourquoi vivre, pourquoi c'est si compliqué.

Je suis autant effrayée par la vie que par la mort. Ou disons, la souffrance. La souffrance de se lever chaque matin, la souffrance ultime si je cédais.

La souffrance, toujours, partout, jusqu'à la fin. Il n'y a qu'elle en permanence, sous des formes qui varient. Mais je la reconnais. Elle n'aura jamais disparu.

Toujours les impulsions, les coups de tête, les émotions si fortes que j'implose, que je craque. Je sens la folie qui s'infiltre, j'attends que l'épicerie ouvre pour boire. Arrive un moment où l'on a beau savoir que "la souffrance sait nager", le fait est qu'oublier qui l'on est quelques heures, c'est essentiel. J'ai avalé quelques anxios, au hasard, et constaté que ça ne me fait plus rien, ou alors ça fait juste bien rire mon organisme.

Parfois, je voudrais re-signer pour des électrochocs, juste pour la violence de l'acte. J'aimerais comme avant martyriser la chair, j'aimerais m'autoriser les extrêmes, cesser de prendre sur moi, et faire tout et n'importe quoi. Essayer de me sentir vivante. Juste un peu. Ne plus prendre ce traitement qui m'a déchirée, annihilée. Fuir le vide du thymorégulateur. Respirer, reprendre mon souffle.

Les humeurs étaient violentes, certes. Mais elles me faisaient me battre contre quelque chose, elles étaient vives, palpables. Aujourd'hui ne reste que le vide tout autour de moi.

Je récite ma vie tel un de ces poèmes à la con qu'on apprenait à l'école. Ma vie par bribes qui ne veut plus rien dire, ma vie qui n'a pas de clefs, ne cherchez-pas, il n'y a jamais eu d'avant, d'après, la gamine voulait déjà crever avant ses dix ans, on aurait dû l'abattre. On cherche, je ris jaune, on cherche quoi ? On croit quoi ? Que je vais subitement me passionner pour mon existence ? Ils croient qu'on s'en sortira, qu'on trouvera, et je me sens tellement naïve de parfois y croire : je vais changer. Ils ont peut-être raison.

Pourquoi serait-ce à moi de changer ? Et devenir quoi au juste ?

Je me pose trop de questions. Je n'aurai jamais de réponse au pourquoi. Qu'est-ce qui pousse les autres à vivre ? Pourquoi la mort est si alléchante, ensorcelante, permanente ? Ce n'est qu'une question de temps.

Je m'en veux de les croire. Accrochez-vous. Il y a de l'espoir. Peut-être que ce n'est pas moi le problème. Peut-être que tous ceux qui vivent avec insouciante sont cinglés. J'ai le pessimisme triste. Heureusement que quelque soit le temps du supplice, il y aura le repos éternel, tôt ou tard.

 

31 mars 2015

A fleur de peau

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J’ai tourné en rond jusqu’à l’heure de prendre mon train, avec deux lexomil dans le sang pour parer ma peur des transports en commun. Prit le tram, correspondance, autre tram. Le centre était fermé, une petite troupe attendait devant l’entrée, dont certains venus pour le même groupe. Je me suis sentie très mal, je ne saurais l'expliquer, le mal-être m'a envahie totalement. Je me suis isolée, soudain submergée d’idées noires. C’était clair et précis : je vais me tuer. Je vais me tuer, j'en peux plus, je ne veux plus. Ces fameuses impulsions contre lesquelles on essaie de lutter avec mes psys. Mes impulsions, gravées au feutre rouge sur mon front, vraisemblablement.

Le centre a fini par ouvrir et nous sommes allés dans la salle pour le cours thérapeutique sur le trouble bipolaire. J’étais complètement renfermée. Mal. Pendant que le psy parlait de statistiques, dans ma tête je schématisais comment mourir. Je sentais les larmes me monter aux yeux. J’aurais pu fondre en larmes, là, sur ma chaise, et gémir des « je m’en vais, je me sens mal », tout en retenant surtout les « j’veux crever, putain. J'veux crever.»

Le cours a continué. Le psy m’a demandé mon avis à un moment, j’ai relevé ma mine tristounette, énoncé mon avis, et c’est con, mais parler un peu m’a fait me sentir un peu mieux, et je me suis remise dans le cours. Le trouble bipolaire aurait des causes génétiques et environnementales. 10% des enfants de bipolaire le seront également. Ca tombe bien, je ne veux pas d’enfants. Et même si j’en voulais, être bipolaire n’est pas une vie. 15% de suicides. C’est pas rien pour une pathologie a elle toute seule.

Discuté un peu avec un participant en reprenant le tram, et je suis rentrée. Epuisée. Je me traîne en ce moment.

RDV psy dans une heure. On verra bien… j’essayerai de parler des idées noires qui me hantent et me dévorent ces derniers temps.

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Trop de monde dans la salle d'attente, qui débordait. Au-dessus de mes forces. J'ai repris RDV la semaine prochaine. Mais là c'était trop.

 

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31 mars 2015

Régression

"Difficile de changer le regard sur les maladies mentales. Car si ces pathologies concernent - de près ou de loin - une majorité de Français, elles restent néanmoins largement méconnues et sujettes à de nombreux préjugés. Inquiétant, quand on sait qu’à l’horizon 2020, elles seront la première cause de handicap dans le monde. Il y a donc un énorme travail de pédagogie à effectuer, comme cela fut le cas pour le cancer ou le sida. Mais encore faudrait-il donner aux médecins et aux chercheurs les moyens financiers d’agir."

 

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Je me sens triste et énervée qu'en 2015, le regard sur les troubles mentaux ne progresse pas. Je vis mes troubles avec honte, je les cache, j'évite d'en parler. Je sens les regards de certaines personnes, qui croient purement et simplement qu'on le veut bien, qu'on s'est inventé des problèmes, que c'est dans notre tête, que notre souffrance est fausse. Et non, pas de célébrités à la con, d'association connue, rien, les troubles mentaux ne sont pas légitimes aux yeux des gens. Avoir un cancer, et le regard est différent, on vous soutien, on vous aide, on est avec vous. Pas avec les pathologies mentales, où l'on vous somme que c'est de votre faute. Ou l'on ne voit pas l'intérêt de vous soutenir.

Il faut que les choses changent, informer les gens, deux français sont cinq croient encore que trouble mental veut dire folie. A supposé qu'ils sachent ce qu'est la folie, je me dis souvent. Il faut que les choses bougent et si un jour je vais mieux, j'y participerai. Les gens nous stimatisent, nous écartent, mais savent-ils qu'ils ne sont pas à l'abri, eux, leurs proches ?

Je suis triste qu'en 2015, rien ne semble avancer à ce sujet. Nous ne sommes pas fous, nous sommes malades. Mais seraient-ils réceptifs ? Là aussi est toute la question. Je suis triste de souffrir de maux qui n'ont aucune importance, si l'on écoute les moeurs. Est-ce que l'on vient me voir, est-ce que l'on m'apporte des fleurs ou du chocolat, est-ce que l'on me dit que l'on est avec moi, que je m'en sortirai ?

Les choses doivent évoluer.

 

31 mars 2015

Café et cauchemars

 

Le café comme antidépresseur. Du café contre la solitude. Trop de café qui donne mal au ventre.

J'ai de plus en plus de mal à quitter le lit, le matin. Pour réincorporer la vie qui ne veut rien dire. Les journées identiques, gouvernées par la peur, les angoisses, le découragement. Je n'ai plus envie de prendre mes régulateurs d'humeur. Je voudrais me débarasser du vide qu'ils ont fait s'imposer entre deux humeurs. Retrouver des hauts trop hauts, tant pis pour les bas très bas. Me sentir vivante. Quitter cette bulle où jamais rien n'arrive. Mais non, je ne ferai rien. Je vais rester une patiente bien sage qui prend consciencieusement ce traitement "primordial" qui cependant annihile toute émotion.

Dehors la pluie s'est arrêtée, peut-être que le printemps va devenir plus lumineux. Les filles vont sortir leurs mini-jupes, et moi je vais me sentir toute nue sans ma longue veste noire. Je vais passer des heures devant ma garde-robe pour choisir ce qui sera le plus banal. Le jean le plus simple, le débardeur le moins original. Passer inaperçue. Il est loin le temps des robes médiévales, où le regard des autres n'avait pas une telle importance. Je me demande comment je faisais pour sortir comme ça. Pour ne pas être blessée par les réflexions. Je me demande aussi pourquoi un jour je suis rentrée dans le moule, ce moule que je cajole, dont j'ai peur de sortir.

Des RDV-psy cet après-midi, j'espère que le tout me fera du bien. Ce soir il faut que je me motive à parler de mes idées noires. De mes "scénarios", comme ils disent. Mais sans trop entrer dans les détails, un psychiatre, ça vous enferme très vite, j'en ai déjà fait l'expérience. Mais en parler. Juste énoncer quelques phrases à ce sujet. De toute façon, je ne suis pas prête, ni pour la vie, ni pour la mort. Je suis entre les deux, à flotter sans lendemains.

J'essaie encore de tuer celle que je suis pour devenir une autre. Je me demande si je vais y parvenir.

 

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