Les jours qui passent
Il faut que je quitte le passé. Je me suis à nouveau replongée dans les dizaines de journaux intimes que j'ai gardés, de mon enfance et mon adolescence. C'est fou, toute cette souffrance qui m'a sauté à la gorge. Je me suis sentie triste, d'avoir (un peu) (beaucoup ) (à la folie ) toujours été ainsi. Je crois qu'il faut que j'accepte ce mal-être. Peut-être qu'on peut trouver un arrangement, à deux. Vivre ensemble.
Je me doute bien qu'après 29 ans, je ne vais pas devenir légère et optimiste, souriant à la vie et épanouie. Il faut que je trouve autre chose. Que j'accepte la noirceur.
Le souci des émotions trop fortes continue. Quand ça déborde, je ne sais plus gérer et fait n'importe quoi. Leur dit souci de personnalité labile, pour ne pas dire "borderline", parait que c'est trop marketing comme terme. Alors personnalité labile. Et personnalité émotionellement instable, il m'avait refroidie, celui-là, quand mon thérapeute l'avait déclaré. C'est ainsi. Il faudrait quelque chose pour bloquer les émotions. Ou les modérer. Pour éviter que je ne plonge dans l'alcool, les médocs, la boulimie, la destruction.
Je sens que ça va a peu près, outre une certaine mélancolie. Mes amies proches, rien qu'à moi, s'éparpillent. Ce sont d'elles que j'ai besoin, ce sont elles qui se distillent. Je m'habituerai davantage à la solitude. Je ne pense pas me refaire des amitiés de sitôt. Il est trop tard. Et je suis trop compliquée.
Ah, qu'une vie sans thérapies, sans traitement médicammenteux à vie, sans noirceur, doit être agréable. L'insouciance.
Oui.
L'insouciance.